5 |
|
L'enfant et la famille |
|
Journée du Groupe d'Études de Lille - 7 décembre 91 |
|
Esthella Solano Suárez, Famille et fonction |
9 |
Franz Kaltenbeck, Comment lire la Lettre au père de Franz Kafka ? |
15 |
Alexandre Stevens, Y-a-t'il une fonction maternelle ? |
23 |
Geneviève Morel, Le père et la famille moderne dans l'enseignement de Jacques Lacan |
27 |
Véronique Mariage, Construire une névrose infantile |
35 |
Bernard Seynhaeve, L'admission des enfants dans une institution spécialisée |
39 |
Myriam Lefebvre-Papillon, Un tigre de papier |
47 |
Colette Vanbeughen, De la question de l'identité chez un enfant |
53 |
Roseline Coridian, L'inceste dans le champ social |
57 |
Jean-Pierre Brunin, Adoption et sélection |
63 |
Interventions en institution |
|
Béatrice Boudard, Des quatre discours dans le travail avec les parents |
69 |
Bruno De Halleux, Psychose infantile et éthique psychanalytique |
77 |
Travaux |
|
Yves Baton, K. Abraham, «à côté de la véritable explication» |
91 |
Pierre Malengreau, Fonction paternelle et direction de la cure |
103 |
Agenda |
117 |
Editorial
du 5è numéro
Par Dominique Holvoet
Faire un sort à ce titre enchanteur : « L'enfant et la famille » est peut-être la tâche secrète et subversive qui fut confiée aux orateurs de la journée du groupe d'études de Lille du 7 décembre 1991, dont nous reprenons ici l'essentiel des interventions.
Geneviève Morel, responsable du groupe d'études, dénonce une vue Rousseauiste de la famille, curieusement réduite au père et au fils, soumise à une transmission et une sélection naturelle. Toutes les interventions ont le mérite de montrer combien la famille humaine est bien plutôt à considérer « hors nature », c'est-à-dire comme une institution. Esthella Solano rappelle que déjà en 1938, dans Les complexes familiaux référence incontournable de cette journée Lacan définit la famille comme étant « l'institution qui prévaut dans la première éducation, dans la répression des instincts et dans l'acquisition de la langue. » Néanmoins, parler de « famille » dans le champ analytique ne suppose pas une clinique familiale mais bien une clinique du sujet comme issue d'une constellation familiale particulière.
A l'idée d'un instinct maternel, Geneviève Morel substitue le concept du Désir de la Mère qui confronte l'enfant à son caprice et à sa jouissance. Alexandre Stevens distingue explicitement la place de la mère dans l'dipe freudien et sa formule lacanienne, la métaphore paternelle, d'une prétendue fonction maternelle. L'idée d'une paternité imputée à la nature est tout autant battue en brèche, celle-ci n'est, comme on le sait, attribuée au père que par l'effet d'un pur signifiant, le Nom-du-Père. Dans le labyrinthe de la « lettre au père » de Kafka, Franz Kaltenbeck démontre brillamment ce « rapport le plus caché, le moins naturel, le plus purement symbolique du père au fils ». (1) Cette tension entre la Loi et l'amour, c'est de sa place de directeur d'une institution pour enfants que Bernard Seynhaeve l'éprouve et tente d'en réaliser la métaphore. Roseline Coridian, Colette Vanbeughen et Jean-Pierre Brunin se sont également confrontés à ce délicat et difficile exercice de situer le discours analytique en institution ou dans le champ social. Au départ d'expérience a priori très différentes, ils rendent compte d'une question qui, par ailleurs, tisse la trame des Feuillets du Courtil, celle des possibilités d'installation hors cure d'une clinique du particulier dans la référence à l'éthique de la psychanalyse.
Construction charnière et témoin de la névrose de l'enfant, il n'est pas étonnant qu'une place ait été faite, lors de cette journée, à la phobie. Véronique Mariage évoque avec clarté la phobie de Hans afin d'en extraire quelques repères utiles au travail de la cure. Myriam Lefebvre Papillon tente une lecture du cas d'Hélène Deutsch de phobie de la poule afin d'en dégager la fonction du signifiant phobique dans les méandres de la névrose.
En écho à la journée du 7 décembre et poursuivant la recherche entamée dans les numéros précédents, la rubrique « interventions en institution » ouvre ses colonnes à deux intervenants de l'Antenne 110 qui font part de leur expérience en institution.
La rubrique « Travaux », riche de deux contributions, reprend, sous la plume de Pierre Malengreau, la question du Père dans les trois registres Réel, Symbolique, Imaginaire, mise en rapport avec la direction de la cure. Yves Baton propose, quant à lui, un article fouillé où il confronte les points de vue freudien et abrahamien de la théorie sexuelle.
Nous ne voudrions conclure cet éditorial sans saluer l'entrée des Feuillets du Courtil dans les publications du Champ freudien en Belgique et remercier le lecteur qui nous a suivis dans l'aventure des quatre premiers numéros !
Dominique Holvoet
septembre 1992